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Le dragon et le phénix !
Conte chinois du lac de l'Ouest ! Il y a des siècles et des siècles, dans la grotte sur la rive est du fleuve céleste habitait un dragon blanc comme la neige ; et dans la forêt de la rive opposée habitait un phénix coloré. Dragon et phénix étaient voisins. Le matin, l'un sortait de la grotte et l'autre s'envolait de la forêt en se saluant, puis ils se séparaient pour aller à leurs occupations. Un jour, ils s'amusèrent ensemble : l'un nageait dans le fleuve céleste, l'autre s'envolait dans le ciel. Tout en nageant et volant, ils arrivèrent sans s'en apercevoir à l'île féerique ; là ils aperçurent une pierre étincelante. Phénix, très content, dit à Dragon : - Dragon, Dragon, tu vois cette belle pierre ! Dragon, plein de joie lui aussi, dit à Phénix : - Phénix, Phénix, nous allons la tailler et la polir en une perle, d'accord ? Phénix fit un signe d'assentiment et ils se mirent immédiatement au travail. Dragon ameublissait la pierre avec ses pattes et Phénix la picotait avec son bec ; des jours s'écoulèrent, des années passèrent ; finalement il faut dire qu'ils avaient réussi à façonner une perle ronde. Phénix s'envolait dans la Montagne féerique, il recueillait dans son bec de la rosée pour la verser goutte à goutte sur la perle ; Dragon nageait dans le Fleuve céleste, il y aspirait de l'eau pure qu'il pulvérisait sur la perle ; sous les gouttes et la pulvérisation incessantes, la perle petit à petit commença à émettre des rayons. Dès lors, Dragon se prit d'affection pour Phénix et celui-ci adorait Dragon ; leur perle faisait leur bonheur. Dragon ne voulait plus rentrer dans sa grotte, ni Phénix revenir dans sa forêt ; ils vivaient donc ensemble dans l'île féerique située au milieu du Fleuve céleste pour veiller jour et nuit sur la perle. C'était vraiment un perle sans prix. Là où parvenaient ses rayons, s'élevaient des bois verdoyants, s'épanouissaient des myriades de fleurs de toute beauté ; on voyait des pays aux montagnes ensoleillées et aux eaux limpides qui se couvraient de riches récoltes. Un jour la Reine Mère de l'Ouest sortit du Palais céleste, et aperçut tout à coup la parle dardant ses rayons ; aussitôt son coeur avide brûla du désir de la posséder. À minuit, elle envoya un soldat céleste pour la voler alors que Dragon et Phénix s'étaient endormis. Elle était si contente de sa prise qu'elle ne voulut pas que d'autres puissent y jeter un coup d'oeil. Elle se hâta de rentrer dans son Palais et fit verrouller neuf portes derrière elle. Dès qu'ils se réveillèrent, Dragon et Phénix s'aperçurent que leur perle avait disparu. Fous d'inquiétude, ils la cherchaient partout. Dragon fouilla toutes les grottes du lit du Fleuve céleste, il ne trouva rien ; Phénix explora chaque coin de l'île Féerique sans plus de résultat. Très tristes, ils continuèrent quand même leurs recherches jour et nuit. Ils n'avaient qu'un espoir ; retrouver cette perle à laquelle ils s'étaient tant attachés. À l'occasion de l'anniversaire de la Reine Mère de l'Ouest, les Immortels s'empressèrent d'arriver de toutes parts au Palais impérial pour assister au Banquet de Pêches qui avaient lieu en l'honneur de la douarière. Celle-ci avait fait apporter des pêches en abondance pour les Immortels qui buvaient du bon vin et prenaient les fruits tout en adressant leurs souhaits d'anniversaire : "Vous le bonheur de la Mer de l'Est, la longévité de la Montagne du Sud !" Très satisfaite de ces félicitations des assistants, la douairière se prit à dire : - Mes vénérables, je vais vous montrer une perle sans prix comme on n'en trouve ni au Ciel, ni sur terre ! À ces mots, elle détacha de sa ceinture neuf clés qui ouvrirent neuf verrous, passa neuf portes, puis sortit sa perle qu'elle présenta dans une assiette d'or et plaça au milieu de la salle. Naturellement, les Immortels s'extasièrent sur la perle qui diffusait une brillante lumière. À ce moment même, Dragon et Phénix continuaient partout leurs recherches. Phénix remarqua tout à coup le rayonnement de leur perle et dit aussitôt à Dragon : - Dragon, Dragon, dépêche-toi, dépêche-toi, vois, ce sont bien les rayons de notre perle ! Dragon sortit sa tête du Fleuve céleste, regarda un moment et dit : - Oui, c'est certaienement notre perle, allons vite la reprendre ! Et Dragon et Phénix de s'élancer aussitôt, guidés par les rayons. Arrivés au Palais impériel, ils trouvèrent les Immortels tendant le cou vers la perle, en train de clamer leur enthousiasme. Dragon s'écria en approchant : Cette perle est à nous ! Phénix, à son tour, affirma : Oui, elle est à nous, cette perle ! La douairière fut très fâchée de leur intervention ; elle s'approcha d'eux en vociférant : Qu'osez-vous dire ? Moi, je suis la Reine Mère de l'Ouest, tous les trésors du Ciel m'appartiennent ! En entendant ces paroles, Dragon et Phénix, très fâchés eux aussi, dirent d'une même voix : - Cette perle n'est née ni du Ciel ni de la Terre, mais c'est bien de nous qui l'avons taillée et polie jour après jour, d'année en année, au prix d'un dur travail. à ces paroles, la douairière se sentit envahie à la fois par la haine et la honte ; elle prit l'assiette d'or et ordonna à ses soldats et généraux célestes de chasser tout de suite les intrus. Phénix, voyant que la Reine Mère n'entendait pas raison, s'élança pour se saissir de la perle ; Dragon en fit autant. Trois paires de mains s'agrippaient à l'assiette, personne ne voulant lâcher. Secouée par ces trois forces, l'assiette oscilla et la perle roula en bas des marches, vers la terre. Dragon et Phénix, voyant que la perle risquait de s'écraser sur le sol, la suivaient en descendant, se précipitant d'avant en arrière, de gauche à droite, pour la protéger alors qu'elle tombait lentement. Quand elle toucha le sol, la perle se métamorphosa soudain en lac, le lac de l'Ouest. Comme Dragon ne voulait pas la quitter, il devint la magnifique colline du Dragon qui monte la garde sur ses rives. Phénix ne voulait pas quitter non plus sa perle, il devint la Colline du Phénix qui la garde, elle aussi. Dorénavant, la Colline du Phénix et celle du Dragon sont couchées silencieusement aux côtés du Lac de l'Ouest. Aujourd'hui, on chante à Hangzhou deux anciennes chansons populaires qui évoquent cette légende : Lac de l'Ouest issu de la perle descendant du Ciel et Le dragon et le phénix arrivent au bord du fleuve Qiantang Cette légende est tirée du livre "Dragons et Merveilles", pages 31 à 35.
Note complémentaire : Funfou garde un souvenir impérissable d'un bref séjour sur les bords du merveilleux Lac de l'Ouest ( West Lake ) à Hangzhou en juin 1983. Marco Polo, lors de son voyage en Chine, avait décrit Hangzhou comme une des plus belles cités du monde. Un proverbe chinois dit ceci : "Au ciel, il y a le paradis, et sur Terre, il y a Suzhou et Hangzhou".
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